Asmat - Histoire et colonisation
Jusque dans les années 1950, les Asmat vécurent quasiment isolés des autres peuples. Leur réputation de chasseurs de têtes et de cannibales n’avait pas encouragé les contacts.
La première identification affective du peuple Asmat fut faite depuis un navire hollandais (Jan Carstenszen en 1623). Le Capitaine James Cook et son équipage furent les premiers à réellement aborder en terre Asmat le 3 septembre 1770. Selon le journal de bord de J. Cook, une petite escouade de ses hommes rencontra un groupe de guerriers Asmat, mais devant la menace se retira rapidement. En 1826, un autre explorateur hollandais, Kolff, s’ancra dans les mêmes eaux que celles visitées par Cook. A nouveau devant l’agressivité des guerriers Asmat, les visiteurs partirent rapidement.
Les Néerlandais, à qui furent reconnue la souveraineté sur la moitié occidentale de l'île en 1793, n'ont pas commencé à explorer la région avant le début des années 1900. Ils établirent un poste administratif à Merauke, au sud-est du territoire Asmat. De là, plusieurs incursions exploratoires, avec objectif d'atteindre la cordillère centrale, ont traversé la zone d'Asmat et rassemblées un petit nombre de spécimens zoologiques et des objets coutumiers. Ramenés en Europe, ils ont suscité beaucoup d'intérêt, et probablement influencé des artistes occidentaux du début du XXème siècle.
Le premier poste colonial dans la région Asmat a été établi à Agat en 1938. Ce petit avant-poste a été fermé en 1942 au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, le Père G. Zegwaard, un missionnaire hollandais, a commencé des explorations de la région Asmat de Mimika. En 1953, Zegwaard rétabli le poste à Agats, qui deviendra le siège du gouvernement et une base pour les missionnaires catholiques qui furent les premiers a réellement établir une relation durable avec les Asmats.
Les missionnaires, souvent diplômés en anthropologie, ont réussi à persuader les Asmat d’arrêter le cannibalisme et la chasse aux têtes, tout en les encourageant la poursuite d'autres pratiques et fêtes rituelles (fêtes des boucliers et cérémonies bisj) Certaines furent même incorporées dans une liturgie catholique adapté aux circonstances.
Le pays Asmat fut le point de départ d’une très difficile expédition conjointe français-néerlandais qui a traversé la Papouasie du sud jusqu'à la côte nord en 1958/59. (Un livre et un film documentaire, Le Ciel et la boue, fut publié en 1961)
En novembre 1961, âgé de 22 ans, Michael C. Rockefeller, fils de Nelson A. Rockefeller, alors gouverneur de l'État de New York, a disparu chez les Asmat lors d'une expédition de collecte d’objets d'art. Des recherches intensives menées par les autorités néerlandaises n’ont rien données. Il en résulte beaucoup de spéculations sur le sort de M. Rockefeller. Certains vieux Asmat sont fier d’exhiber aux visiteurs des diplômes de remerciement obtenues pour leur soutien aux recherches
En 1962, le gouvernement indonésien a pris en charge l'administration de la Nouvelle-Guinée occidentale. Sous la nouvelle administration indonésienne, de 1964 à 1968, les us et coutumes Asmat ont été officiellement totalement proscrits. Ensuite c’est avec le soutien de l’évêque catholique (Mgr Alphonse Sowada) que l’artisanat et la préservation des traditions « acceptables » furent encouragées. Un petit musée fut ouvert à partir de 1973 à Agat (Musée Asmat de la Culture et le Progrès (AMCP)) afin de maintenir les traditions culturelles Asmat.
Aujourd'hui, les Asmat restent relativement isolés et fidèle à leurs traditions culturelles. L’arrivée de la société de consommation et des Indonésiens des îles de l’ouest est cependant en train de modifier notablement leurs modes de vie. Les Papous dans leur ensemble, vivent une deuxième colonisation à laquelle les Asmat n’échappent évidemment pas. Certains jeunes Asmat ont cependant suivi un enseignement supérieur dans d'autres provinces de l'Indonésie ou même en Europe. Quelques-uns cherchent maintenant à intégrer dans leur environnement les nouvelles technologies et les services de santé, de communications et d'éducation, tout en préservant leurs traditions culturelles.
La biodiversité de leur région est menacée par les exploitations menées par des sociétés extérieures aussi bien pour la pèche que pour la forêt. Une forte résistance s’est organisée, comme dans de nombreux groupes de Papous. En 2000, les Asmat se sont constitué en organisation officielle pour représenter et tenter de soutenir leurs intérêts et leurs aspirations. En 2004, la région Asmat est devenue une entité administrative à part entière.
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