La nouvelle colonisation indonésienne en Papouasie
En 1969, à travers l’“acte de libre choix”, un référendum qui s’est tenu sous les auspices des Nations unies, des chefs locaux triés sur le volet par Jakarta se sont prononcés à l’unanimité en faveur d’un maintien de leur région dans le giron de l’Indonésie. L’Organisation de la Papouasie libre (OPM), fondée en 1965, a dénoncé une consultation truquée et pris les armes. En 2002, un statut d’autonomie a été accordé aux deux provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale. Bien qu’elles soient les terres les plus riches en ressources naturelles et minières de l’archipel, plus d’un tiers de leur population vit sous le seuil de pauvreté, l’autonomie ne semblant profiter qu’à l’élite locale. Voilà pourquoi l’OPM, dont le chef a été abattu en décembre 2009, poursuit sa lutte sous forme d’attaques sporadiques contre les forces de l’ordre indonésiennes.
Le gouvernement Indonésien construit des villages le long des fleuves, dotés d'une école pour scolariser les enfants de la forêt, d'un groupe électrogène et de la télévision par satellite. Internet commence même arriver. Le résultat sur la vie des enfants est incertain.
Des maisons sont mises à disposition gratuitement, mais loin de la forêt nourricière les Papous ne peuvent pas y rester longtemps car les ressources environnantes s'épuisent vite. Seuls les enfants en âge scolaire viennent y passer quelques temps attirés par la magie de l'écran de télévision de l'instituteur ou de l'administrateur du village, ou par et les bimbeloteries en tous genre des marchand javanais ou chinois. Ils s'intéressent plus volontiers aux lecteurs MP3 qu'aux études et s'adaptent avidement à la société de consommation.
Les problèmes surviennent donc rapidement, car sans ressources financières, ils deviennent vite dépendant des colons et commerçants usuriers qui les utilisent pour défricher et exploiter la forêt. Les jeunes, abandonnés à eux même, hors des règles du clan, deviennent vite des délinquants.
Au demeurant, les quelques règles d’hygiène qui sont dispensées, la présence d'infirmeries, même si elles sont pauvrement dotées, apportent une amélioration sur le plan de la santé et de l’espérance de vie. Dans la forêt, les enfants sont exposés à de nombreux dangers, qu'il s'agisse de blessures qui s'infectent, de chutes fatales du haut des hautes maisons, de piqûres d'insectes ou de serpents et la mortalité infantile est importante bien que les habitants des forêts connaissent l'usage de quelques plantes médicinales. Le décès d'un enfant les affectés, mais est vécu plus comme une fatalité due aux mauvais esprits qu'il faut combattre ou dont il faut se protéger. La recherche des vecteurs de ces maléfices peut (pouvait) donner lieu à des vengeances guerrières allant même jusqu’au cannibalisme pour éradiquer la cause du drame si elle est imputée à un individu, ou bien déménager le village si elle est attribuée aux esprits de la forêt.
Les jeunes en âge de fonder une famille se retrouvent pris dans le dilemme de partir s'installer dans les villages de l'administration, rentrer dans le monde moderne, et le plus souvent se retrouver marginalisés par les nouveaux colons venus des terres surpeuplées de l'ouest indonésien, ou tenter de retourner dans leurs clans pour préserver leur culture et mode de vie primitive, sachant (ou pas) que tôt ou tard l'exploitation de la foret ou des ressources naturelles réduiront leur espace de survie nécessitant de vaste zones de forêt vierge.
Pour le moment les adolescents des tribus de l'intérieur sont les traits d'union entre les deux cultures, les parents n'ayant pour la plupart pas encore osé quitter leur forêt profonde pour visiter des villages qui les effraie un peu.
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