Torajas
Les Torajas sont un groupe ethnique indigène d'une région montagneuse du Sulawesi du Sud, en Indonésie.
Leur population s'élève à 650 000 personnes, dont 450 000 vivent toujours dans lepays des Torajas.
Les Torajas sont un groupe ethnique indigène d'une région montagneuse de Sulawesi du Sud, en Indonésie. Leur population s'élève à 650 000 personnes, dont 450 000 vivent toujours dans le pays des Torajas.
Toraja (terme qui provient de mots des langages des peuples côtiers, to, qui signifie « le peuple », « les gens », et riaja, « hautes terres »)
Une idée répandue voit dans les Bugis, peuple côtier, l'ennemi héréditaire des Toraja. En réalité, au cours de l'histoire, les relations entre les deux peuples furent bien plus souvent pacifiques que belliqueuses. Très tôt, Toraja et Bugis ont entretenu des relations commerciales, échangeant le fer, l'or, les produits de la forêt et plus tard, le café du pays Toraja contre le sel, le poisson séché, les buffles albinos, la soie et la verroterie. Jusqu'au XVIe siècle, les rites mortuaires Bugis étaient semblables à ceux des Toraja qui les observent encore aujourd'hui. La tradition Bugis elle-même veut que plusieurs petites principautés Bugies aient été fondées par des princes Toraja au XIVe siècle.
Les Toradja pratiquent la culture du riz sur brûlis sur les hauteurs, ou irriguée dans les bassins ; leur artisanat se limite à la vannerie, à la poterie, au travail du bois et du fer.
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D’où viennent les Toraja ?
Les légendes prétendent que la forme cintrée du toit des maisons évoquerait les bateaux sur lesquels leurs ancêtres seraient arrivés aux Célèbes, en provenance de Chine du Sud, en passant par l’Indochine.
40 000 ans avant J.-C., toute l’Insulinde était habitée par une population de chasseurs cueilleurs de type négroïde. Vers le troisième millénaire avant notre ère, des populations néolithiques de type mongoloïde de langue Mon-Kmer, en provenance d’Asie du Sud Est continentale, et d’autres de langue austronésienne, sont descendues du Nord vers le Sud, en assimilant progressivement la population antérieure.
Peu d’éléments historiques, fiables existent sur les Toraja. On sait qu’ils étaient « des chasseurs de têtes » avant l’arrivée des premiers missionnaires européens au XVIIe siècle. L’identité Toraja est née sans doute de l’union nécessaire à la lutte contre les Bugis qui tentèrent de les envahir. Ces luttes incessantes avec leurs voisins, puis avec les Hollandais, entre autres afin de garder la primauté sur le commerce du café, n’a pris fin qu’en 1905.
À compter du XVIIe siècle, les Néerlandais prirent le contrôle commercial et politique du Sulawesi, mais durant deux siècles, ils ignorèrent la région montagneuse du Sulawesi central, où vivaient les Torajas, car l'accès en était difficile et il s'y trouvait peu de terres agricoles productives. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, que préoccupés par le développement de l'Islam dans le sud du Sulawesi, en particulier parmi les Makassar et les Bugis, les Néerlandais virent dans les animistes habitant les hautes terres, des chrétiens potentiels. Dans les années 1920, l'Église réformée néerlandaise commença un travail de mission, aidée par le gouvernement colonial néerlandais. L'esclavage fut aboli à l'aube du XXe siècle à l'instigation des colonisateurs néerlandais et s'acheva probablement dans les années cinquante. Des impôts furent levés dans le pays et débuta véritablement le Tana Toraja («la terre des Torajas») qui devint une subdivision du royaume Bugis de Luwu qui avait déjà auparavant revendiqué la zone.
Depuis les années 1970, pour satisfaire un certain tourisme recherchant l'"authenticité" et la "différence", les guides locaux ou étrangers ont tendance à insister sur ce qui distingue les Toraja des Bugis.
Les Toraja est un peuple d’emmigrant, recherchant fortune hors de leurs terres trop pauvres. Le retour au pays pour les funérailles est l’occasion de resserrer les liens des clans et des familles et de participer aux démonstrations de richesses des uns et des autres par des présents couteux.
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Les maisons toraja, appelées « Tongkonan », sont remarquables avec leur long toit élancé dont l’origine est attribuée soit à la représentation des coques des pirogues utilisées par les ancêtres pour traversé les mers, soit plus simplement à des cornes de buffle, l’animal sacré des Toraja. Les maisons sont disposées sur deux rangs le long d’une large allée centrale et orientées de façons très précises, Nord-Sud.
Les Tongkonan sont construits sur pilotis, selon des règles ancestrales et leur toit résulte de l’assemblage de milliers de bambous. De magnifiques panneaux de bois gravés ornent la façade ; ils sont décorés de motifs géométriques ou symboliques dont les couleurs sont toujours le noirs (la mort, les ténèbres), le rouges (le sang, la vie), le blancs (les os, la pureté) et le jaunes (le pouvoir, l’approbation des Dieux). Ils représentent souvent des coqs, des roues, ou une tête de buffle. La construction reposant sur des pilotis, on accède à l’habitation par un escalier. L’intérieur simple est peu meublé et éclairé par de toutes petites lucarnes.
Chaque Tongkonan (symbole de l’homme et du mari) s’accompagne d’un ou plusieurs greniers à riz (symbole de la femme et de l’épouse) composés sur le même modèle.
Le rang social et la richesse de la famille sont symbolisés par le nombre de cornes de buffles clouées sur une grande poutre verticale (a’riri’ posi’) à l’avant de la maison.
Le Tongkonan layuk (de la coutume, de l’exercice du pouvoir) est celui qui attire le regard au sein du village, le tangkonan kaparengnesam (du chef) désigne la maison d’origine des chefs et le tongkonan batu a’riri (sans pilier a’riri posi’) est le moins prestigieux des trois.
Dans la société Toraja originelle, seuls les nobles avaient le droit de construire des tongkonan. Les roturiers vivaient dans des demeures plus petites et moins décorées, appelées banua.
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La société Toraja, et cela encore de nos jours, est basée sur un système de classes très rigide non sans analogie avec l’organisation en castes comme en Inde.
Au plus haut on retrouve trois classes dominantes avec de subtiles différences (grands chefs, petits chefs...) qui plongent leurs racines au temps où arrivèrent les Toraja en bateau en longeant la rivière jusqu'à la région d'Enrekang, au sud du Pays Toraja, Enrekang signifiant littéralement en langage Toraja: le débarquement.
Au bas de l'échelle, ce sont les “esclaves”, encore appelés ainsi aujourd'hui, même s'ils ne sont plus des esclaves, cet asservissement extrême allant contre la constitution indonésienne.
C'est le respect de la structure sociale, très hiérarchisée, l'accumulation de biens, en l'occurence des buffles, qui domine la pensée. Plus ici qu'ailleurs l'on vit pour mourir. Plus ici qu'ailleurs il n'est pas vain de courir après les richesses matérielles car on les emportera au ciel, au paradis Toraja. L’exposition des dons lors des funérailles est une grande expression de la vanité humaine.
Le culte des morts et des ancêtres : l’Aluk todolo
Le pays Tana Toraja est un exemple de compromis sinon de tolérance, où cohabitent des communautés spirituelles diverses. Les chrétiens (en majorité protestants, un peu plus de 10 % sont catholiques) occupent une place prééminente (plus de 80 %), devant les musulmans (moins de 10 %) et les animistes. En fait l’Aluk todolo, officiellement pratiquée par seulement 5 % de la population, est respectée par nombre de chrétiens et musulmans.
Le sa’dan-toraja est une langue austronésienne parlée par les Toraja. La langue appartient à la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes, groupe des langues de Sulawesi du sud.
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Les cérémonies funéraires et les rites religieux (les fêtes associées au riz, à la fertilité, la construction d’une maison, etc.) jouent un rôle de tout premier plan dans la vie quotidienne des Toraja. Les rites funéraires sont avant tout un rituel de passage, un accès non seulement au monde des morts, mais aussi à la communauté des ancêtres divinisés. La préparation peut demander des semaines ou même des mois, en attendant, le défunt (décédé souvent plusieurs mois plus tôt) est « embaumé » et conservé dans la maison familiale. Tout doit être mis en œuvre pour faciliter le voyage de son âme vers l’au-delà. Jusqu’à la date de ses funérailles, le défunt est simplement malade ou « absent ».
La cérémonie dure deux, trois, quatre jours, ou plus longtemps encore, et rassemble toute la famille (venue des quatre coins du monde), les amis et connaissances, parfois, plusieurs centaines de personnes, s’il s’agit d’un chef de village. Ils présentent leurs « condoléances » à la famille en apportant un présent (buffles, cochons, poulets, Tuak, riz...). Un maître des cérémonies tient la comptabilité de ce que chacun offre. Les femmes défilent en premier, suivies par les hommes et chaque groupe s’installe ensuite dans une petite « arène » circulaire devant la loge familiale.
Les buffles constituent un symbole social et leur possession représente richesse et pouvoir. Les buffles albinos sont très recherchés.
Arrive l’heure du sacrifice, les buffles sont amenés dans l’enceinte. Un officiant à l’aide d’un long couteau, tranche la carotide. L’âme du défunt s’envole alors avec celle du buffle pour atteindre les sphères les plus pures. Le nombre de sacrifiés dépend de la richesse du défunt et est le garant d’un accès rapide au royaume des ancêtres. Des dizaines de cochons ficelés et transportés sur des bambous vont subir le même sort. Les bêtes sont aussitôt débitées et emportées à la cuisine pour la préparation du Papiong. Les morceaux de viande sont mélangés à des légumes et des épices et sont enfoncés dans un tube de bambou d’environ quinze centimètres de diamètre. Cuits à l’étouffée, ils sont distribués à chacun selon un ordre de préséance bien précis. Le repas est arrosé de Tuak, de la sève de palmier dattier, récoltée dans un tube de bambou et laissée fermenter un à quatre jours.
Les cornes du buffle prendront place sur le mât de la maison. Pour Les Toraja des classes supérieures, le mort est transporté dans un cercueil en bois finement sculpté, sur son lieu d’inhumation, une tombe creusée dans un rocher où reposent ses ancêtres. Parfois, une croix sur la porte d’une tombe rappelle que, si certains Torajas ont été christianisés par les Hollandais, ils n’en sont pas moins fidèles à leurs traditions animistes. Plus tard, une effigie à son image, un mannequin en bois, le Tau-tau, sera disposée sur un balcon en aplomb du rocher ou de la falaise, pour veiller et protéger les vivants.
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