Cultures des peuples de la forêt (équatoriale)
La vie en forets équatoriale a conduit au développement d'une culture, de style de vie et de pratiques propres aux peuples des forets aussi bien en Amazonie qu'en Asie du sud-est.
Une publication de « civilisation – revue internationale d’ethnologie et de sciences humaines - de 1997, présente une étude sur les peuples de la forêt équatoriale qui éclaire en tous points les comportements que j'ai observés chez les sociétés primitives rencontrées, entre autre, en Nouvelle Guinée ou dans le sud-est asiatique.
« Généralement lorsque les Occidentaux évoquent les habitants des forêts tropicales, ils pensent à quelques peuples mythiques, emblématiques : les Pygmées d'Afrique, les Penan de Bornéo ou les Yanomami d'Amazonie. En réalité, tout autour de l'Équateur, plus de douze millions de personnes vivent dans et de la forêt équatoriale, en Afrique centrale, en Amazonie et en Asie insulaire. Dans leur ensemble, les peuples indigènes des forêts équatoriales ne constituent pas une minorité ; c'est une population très importante qui dépend totalement de la forêt pour sa subsistance.
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Trois points caractérisent l'économie chez les peuples de la foret équatoriale : la technique agricole, le système alimentaire et les relations avec le monde extérieur
(extrait de l’article de article de Serge Bahuchet, « Un style de vie en voie de mutation »)
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Les peuples des forêts sont très largement des animistes. Pour eux les fonctions symboliques et religieuses attribuées aux arbres, les valeurs symboliques positives et négatives accordées à la forêt elle-même, sont très importantes.
Les analyses de Serge Bahuchet, citée ci-après, si elles se sont fondées surtout sur des peuples d’Amazonie et d’Afrique équatoriale, s’appliquent aussi aux peuples de Papouasie, et j’ai pu faire les mêmes observations.
L'espace est sacralisé
« Chaque religion traditionnelle possède un panthéon constitué de dieux créateurs du monde, d'esprits bénéfiques ou maléfiques, de héros démiurges, de monstres, et des âmes des défunts. Ces différents ensembles d'êtres surnaturels, qui peuplent le monde en même temps que les humains vivants, occupent différents endroits de l'espace (c'est le cosmos). Selon les peuples, ce cosmos prend différentes formes.
D'une manière très globale, le ou les dieux créateurs vivent dans le ciel, alors que la forêt « vierge » est le domaine des esprits. Les rivières et les marécages abritent des esprits spécifiques. Pour chaque société, la disposition symbolique dans l'espace de ses êtres surnaturels permet de définir le sacré qui lui est propre, et en tout premier lieu, d'opposer les aires spatiales sacrées aux aires relevant du domaine profane. »
Chez les Korowai par exemple, ils pensent que l’univers terrestre est organisé en trois cercles concentriques. Le cercle intérieur contient la terre des vivants, le second l’espace des morts et au-delà du troisième s’étend l’océan sans fin.
« Chaque société possède des acteurs humains liés aux faits de religion, des spécialistes (prêtres, chamanes, devins, guérisseurs...) qui ont, entre autres, des responsabilités particulières en regard de la forêt et des produits forestiers, animaux ou plus rarement plantes. En effet, si dans les sociétés de savane, l'agriculture donne lieu à des rites spécifiques, pour les sociétés des forêts tropicales, même chez les essarteurs, ce sont principalement les activités de chasse et de pêche qui sont accompagnées de rituels, organisés par des « ritualistes » spécialisés (même si l'acte de plantation est souvent ritualisé, comme en Amazonie).
En ce qui concerne la « géographie du sacré », c'est-à-dire l'organisation spatiale des activités religieuses, et à la différence des sociétés vivant en savane, il y a en forêt peu de sites sacrés, de lieux de culte ou de vénération. En particulier le phénomène des « bois sacrés », fréquent en Afrique de l'Ouest, n'existe pas en forêt d'Afrique centrale ni en Amazonie. Par contre, on rencontre des lieux-dits porteurs d'histoire mythique, comme par exemple l'endroit où les oiseaux se parèrent de leurs couleurs, ou encore le fromager au pied duquel on accède au monde souterrain ...
Le fonctionnement de la nature fait l'objet de représentations
"Toutes les sociétés forestières croient en un équilibre global entre les ressources de la nature, les forces surnaturelles et les hommes : les forces surnaturelles favorisent les activités des humains en leur procurant les ressources naturelles, animaux ou plantes. Toutes pensent que l'harmonie de la vie en société et une bonne communication avec les êtres surnaturels, grâce aux rituels et aux spécialistes, permettent l'efficacité des activités de production. En contrepartie, les hommes se donnent comme ligne de conduite de ne pas abuser des ressources de la nature. Les maladies et la mort sont toujours attribuées aux forces surnaturelles et considérées comme des conséquences de la rupture des équilibres entre les hommes, les ressources naturelles et les esprits. »
Les lieux de sépulture
Un point important concerne la mort et les défunts : le lieu où ils sont enterrés et l'attitude que l'on adopte vis-à-vis d'eux et de leurs âmes sont significatifs de l'attitude face à la nature.
Ainsi pour les Papou Korowai les âmes des morts, redoutées, deviennent des forces immatérielles dans la forêt ; dès après l'enterrement, qui a lieu dans le campement, le site est définitivement abandonné à la repousse de la forêt. Au contraire, chez les Papou Asmat, les défunts sont enterrés dans le village, souvent devant leur propre maison ; les tombes font partie du paysage quotidien, au centre de la communauté, et hors de portée de la forêt. Dans ces sociétés, les cultes des ancêtres étaient fréquents dans un passé récent et les âmes des défunts sont toujours invoquées nommément pour le bien des vivants. »
Ce genre de fonctionnement est observable par exemple chez les Asmat de Papouasie Indonésienne
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